Bougdal Lahsen
Mariam Michtaw²i
Quand Mariam pleure
Poèmes Traduits de l’arabe
Par Bougdal Lahsen
1-Pourquoi je t’aime ?
Quand se répand la nuit
Des cavités des mers
Elle ressasse ton nom
Puis toutes les merveilles de l’amour se révèlent
Les versets de la rupture se déploient
Les lampes ricanent
Un instant
Puis elles pleurent
Sur l’épaule des chemins.
Pourquoi je t’aime ?
Est-ce parce que tu es la révélation et son contraire
Ou parce que tu es ce poème proche de Dieu ?
Ou parce que tu es un point dans l’univers
Nul chemin pour y accéder ou y revenir…
Pourquoi je t’aime ?
Est-ce parce que tu m’as offert telle une offrande à l’herbe
Et tu as clamé mon humanité sur tes mains : (vous voulez dire : « sur tes mains »/ ou « grâce à toi » ?
J’ai décédé en prononçant ma shahâda
Tu es l’unique amoureux
Pourquoi je t’aime ?
Est-ce parce que tu as éclairé l’aube
Avec mes pierres ?
Et tu es parti avec l’éclosion du premier bourgeon
Dans la matrice de la cruauté
Pourquoi tu es parti…pourquoi ?
2- Je continue seule
Je me suis retiré un instant
Dans ces yeux chauds…
Alors que je conversais
avec la rosée douce
S’y dissimulant
Et je badinais avec un petit arc en ciel…
Pourquoi tu t’es retourné ?
Et tu m’as laissé
Partir seule…
Et ce chemin-là est silencieux…
Et long
3- A distance d’une civilisation
Comment je t’ai promis ? (vous voulez bien dire promis ?)
Et l’ombre de tes yeux
A distance d’une civilisation de moi
Comment ?
De sa lourdeur le couchant
Somnole entre tes paupières
Se réveille un instant
Pour me récriminer…
Il me récrimine
Alors que mes larmes tissent pour lui
Avec leurs fils lumineux
Une toile d’araignée
Comme chemin…
Un chemin esquissant ses premiers pas
Entre le réel et l’impossible…
4- Entre deux roses
La blanche :
Dors calmement sur l’épaule
D’une brise..
La mort dans les tempêtes
N’inquiète pas l’hiver ( vous voulez parler de la saison : « Hiver » ou alors « la pluie »
La rouge :
Quand je m’absente
Ne pleure pas
Contemple l’herbe
Et ses petites fourmis
A ce moment là, le temps passe vite
Et nous nous rencontrons entre deux vérités
Un peu
Pour remercier le ciel
5- la saison des pommes (est-ce bien ça ?)
Je t’attends et tu ne viens pas
Après le passage de toutes les saisons du désespoir
J’attends la saison des pommes
L’automne est compagnon du devoir
Il peut t’aliéner avec la pomme d’Eve
Verte ou rouge
Aucune différence
Tant que tu pèleras le souvenir
Tu rongeras mon attente
Tu suffoqueras de mon embrasement
Jamais tu ne dévoreras
la faute de notre grand amour…
6- Amour
Mon amour pour toi
Un mysticisme dans les moments d’absence
Et la résurgence de l’impossible…
Dans la mémoire.
7- Manque
Dans l’ombre de mes longs cheveux
Je cours pieds nus
Derrière ses mèches
Là où les emporte le vent
Je pensais…
Je pensais que tu étais le vent…
Dis-moi…
Comment tu as contrarié
La fleur de Gardénia enfouie
Dans mes cheveux ?
8- la levure de l’absence
Ensemble nous avons pétri la levure de l’absence
Comment tu oses me laisser affamée ?
Comment murit le souvenir
Et la coupe des larmes est grande
Et le chemin est long…très long
Ensemble nous avons pétri la levure de la séparation
Reviens…reviens mon amour
Dans l’absence…
Toutes les choses…
Toutes les choses…
Perdent leur intérêt
Hormis le sel de tes mains
Et le goût du sucre en poudre…
9- Je t’aime davantage en temps de guerre
En temps de guerre
Je t’aime…
Je t’aime davantage
Notre baiser a faim
Le badinage de la rencontre est rouge
Et toute étreinte
Dernière étreinte
Mon mal est un obus
Toi mon martyre brun
Notre amour
Explose chaque jour
Nos petits épis grandissent
Je t’ai toujours aimé
Et en temps de soulèvement
Je t’aime..
Je t’aime davantage.
10- révolte d’un amour
Me voici me révoltant contre ton amour
Avec les eaux de l’oubli, je m’apprêtais
à pourchasser ton souvenir
J’avorte notre baiser
A son septième mois
Comme les enfants, je me révolte contre nos habitudes
Je troque une tasse d’expresso
Contre le cappuccino habituel
Je courtise l’étrange violette
Et je sermonne l’orchidée de la vie…
Et je casse tous les disques de l’amour
Et je chante sur les rythmes mensongers du journal du soir…
Et je me querelle avec la lune
Je l’accable et l’insulte
Je brise tous tes cadeaux
Sur la tête de son romantisme
Et je me révolte contre l’univers
Et je tourne et je tourne
Jusqu’à m’évanouir
Dans tes bras
Et à force de fatigue et d’amour
Je m’endors.
11- Attente
Quand ton printemps étale ses tributs
Je m’agenouille pour ta pureté ma mère…
Je hume l’odeur de tes mains
Et je pleure l’absence…
Elle est où la justice ma mère ?
Comment tu me mets au monde sur ton herbe verte
Et tu m’emmaillote avec des violettes et des orchidées
Et tu m’allaite avec la rosée des jasmins
Et je grandis
Pour chasser quelques-uns de tes papillons
Et aujourd’hui…aujourd’hui
J’ai trahi le printemps ma mère…
Et je suis partie…
Et ton printemps résigné continue à se déployer
Et tu continues à m’attendre dans le silence…
12- la mariée
Je suis la mariée morte
Je me souviens…
Je me souviens…comment tu m’as enterrée aujourd’hui
Et tu m’as enterré avec ma mantille (est-ce bien d’un « habit » que vous parlez )
Mon cœur jeté sur ma tombe
En disant : je vais te ressusciter
Et j’ai inhalé la terre des oliviers
Et la lampes à huile s’enflèrent
Au seuil de la nuit
Et le chemin est perdu…(vous voulez dire : perdre son chemin ?)
Je suis la morte mariée
Je me souviens
Comment tu as recommandé à l’étranger de laver mes longs cheveux
Avec le parfum de l’instant
Et la pluie s’abat
Larmes de verre
Et quand tu es revenu…
La porte de la tombe était ouverte
Et l’ange de la mort d’attendait
Une lettre dans la main
Noté dessus :
Perdue…
Le ciel comme la terre
N’intercède pas pour les amoureux.
13- demain
Demain tu engendreras la mort
Sur une mare de sang
Et tu te confieras à la vie en guise de souvenir
Demain tu engendreras l’absence
Et tu te vêtiras de la déception
Et le malheur s’assoupira sur sa poitrine
Et les larmes se contorsionnent
De son sein
Annonçant le début d’une vie diluvienne.
14- la prière d’une femme syrienne
Je suis une femme…dans mes entrailles deux jumeaux
Que je porte depuis trois ans
Je les ai nommés : la douleur et la faim…
Si j’avorte de l’un
L’autre me tue…..
Condamnée à les porter à vie
Trébuchant sur le temps
Le dos contre le mur de la grande mosquée d’Alep
Et je prie…
Sans répit
Et je sanglote de douleur devant l’église de la vierge
À Lattaquié et je prie…
sans répit..
Sans répit.
15- dans le camp de concentration
Je l’ai aimé
Dès le premier instant de notre souffrance
Dès le premier coup de fouet
Dès la première merveille ?? Est-ce qu’il s’agit du merveilleux ?
……………………
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ROSES (jouri ??? je ne trouve pas ce mot, de quoi s’agit-il ?)
Nous sommes liés de nos langues
J’ignore comment nous avons prononcé
Le miracle de la seconde résurrection
Et nous avons répété
La quintessence des paroles de la révolution
Nous sommes libres
Nous sommes libres
Nous sommes libres.
16- la fête des mères
Quand la fête des mères arrive
Et tu n’es pas avec moi…
Le printemps refuse d’advenir…
Les roses étouffent leurs petits bourgeons…
Quand la fête des mères arrive
Et que ta sœur m’offre un cadeau…
Je vois tes cadeaux enterrés
A chaque fête à venir
Mon petit…
Mon instant est lacunaire…
Et je suis absente…
Absente..absente
Je ne me manifeste que par ton amour.
Dis-moi…
Comment mon cœur peut supporter
La douleur de ta séparation et le mal de la fête ?
Soit tu reviens ou alors la fête cesse d’arriver..
17- Souvenir
Oh toi souvenir
Ne me rappelle pas ce temps
Quand j’avais laissé
Un baiser sur sa porte
Et si c’est obligatoire
D’y retourner
Sache que je suis enceinte
De cent graines de cactus
Et que mon accouchement est tragique
Ne me rappelle pas
Et attends le passage
De toutes les saisons de la consolation
Peut-être…peut-être
Que je reviendrai un jour
Me recueillir à sa porte
Et poser sur sa tombe mon dernier baiser.
18- Le coucher de Schéhérazade
Schéhérazade préfère la mort
Une seule fois
En train de vivre
Un instant d’amour sincère
En dehors de son climat aquatique…
A la mort au quotidien
Comme le cadavre océanique du coucher….
19- la nuit des souvenirs d’hiver
J’aime tant partir la nuit des souvenirs d’hiver
Me voici en train de ressusciter toutes nos discussions…
Je me repose à chaque virgule et j’aspire à chaque point…
Je les ressuscite pendant que je ramasse nos petites affaires…
Ta chemise bleue d’été…
Celle que nous avons achetée au marché aux oiseaux…
Je me souviens de la petite fenêtre…
Tu m’as demandé ce jour-là…
Pourquoi tu m’as choisi une chemise bleue avec un dessin de fenêtre…
Tu savais…
La fenêtre pour contempler un cœur aux quatre saisons chaudes…
Des oiseaux de toutes les espèces s’y déversent…
Et t’apprennent le chant et le vol…
Le retour à mon nid chaud au coucher…
Et ta chemise rouge…
Tu l’as choisi comme voile…
Depuis ce jour-là
Je pose mon maquillage
Pour teinter les larmes…
Mais tu es parti
Avec ta chemise blanche…
Tu es parti…et tu m’as laissée le chercher tous les jours
Dans tous les coins de notre demeure fêlée…
20- les petits souliers
Me voici entrain d’étreindre tes petits souliers
Et je marche avec derrière ton souvenir
Ils me transportent vers la saison de la chaleur et de la tendresse
Et je ressens à nouveaux des douleurs obstétricales
Et j’attends
Et l’heure ne vient pas
J’attends
Un jour
Un mois
Un an
Une éternité
Et les douleurs obstétricales s’accentuent
Le temps passe
Et tes petits souliers m’étreignent.
21- le pont
Je porte un peu de sel
Et je porterai un broc d’eau
Et je te retrouverai sur le pont
Je te laverai les mains
Tu me porteras sur tes épaules
Et nous traverserons ensemble vers la vie.
22- Mémoire
Je mettrai le feu à ma mémoire
Je n’en veux plus
Mais
Je surveillerai de loin les cendres s’envoler
23- comment vais-je supporter l’arrivée de la fête ?
Dis-moi comment vais-je supporter l’arrivée de la fête ?
Je laisserai ma longue chevelure
Dissimuler les lumières de la ville…
Et je hurlerai à la face de chaque nouveau jouet…
Et chaque vitrine décorée…
Je giflerai chaque arbre s’érigeant devant moi…
Et j’arracherai les cloches…
Et je m’immolerai au milieu des grandes places
Ah mon petit…
Pourquoi tu m’as laissé
Déchiqueter les habits des prochaines fêtes…
24- le temple
Je me suis endormie
Le rêve a commencé
Je marchais avec la crainte
Que mes pieds me trahissent
Lors de ce voyage
Le voyage des mages
Je me suis prosternée…je me suis prosternée
En priant
Comme une terre assoiffée
J’ai tourné autour de ton temple
J’ai pris mon dernier dîner
A bord de ton embarcation
Je comptais les minutes de mon chapelet
Perle après perle
J’ai tellement espéré que ça dure
Et je me suis réveillée avec des saisons en partance
A chaque couché
Je me suis endormie le rêve a commencé
Mon âme a déployé ses ailes
Et une colombe s’est élevée
Roucoule :
C’est mon amoureux adoré
25- le visiteur
Quand tu choisis d’habiter ma folie
Je t’accueillerai comme un enfant gâté
Et te ferai pénétrer dans mon jardin
Pour cueillir tout ce que tu désires
Parmi les rêves de l’enfance
Et je te nourrirai de la galanterie des filles
Le batifolage des rêves rose bonbon
Ensemble nous dessinerons dans l’espace un arc-en-ciel
Qui dépassera les frontières de ton impossibilité
Nous volerons avec les ballons multicolores
Je subtiliserai un peu de tes friandises
Et je ne te les rendrai plus
Non, je ne te sortirai pas du monde de Sésame
De Cendrillon et de la belle et la bête
Et la belle au bois dormant ne se réveillera par un baiser…
Et on ne reviendra pas
Non, on ne reviendra pas
26- Nymphe
Sais-tu quand suis-je devenue nymphe ?
Le jour où ta chaude ligne équatoriale m’a touchée
Et le feu a encerclé mon astre
Et je n’ai trouvé devant moi que le plaisir de la plongée
Dans ta mer rouge
Et me voici nymphe de toutes les couleurs
Caressant tes ramifications coralliennes…
27- Adieu
Toi l’homme de Lattaquié
Les boulevards de ton triste pays
Ont rassemblé dans tes valises
Ce qui reste
De ses branches calcinées
Puis t’ont fait leur adieu..
Et toi
Comme le reste des morts tu as marché
Et dans ton regard paisible
Une nuit qui quémande la vie
Dans le silence de tes larmes
La plage de Damour (yamour ?)
Suffoque avec chaque vague
Et des embarcations sans destination
Et le port de tous les visages qui s’y arrêtent
C’est le visage de ma grand-mère
Et toutes les mains sont ses mains
Toi l’homme de Lattaquié
Ma grand-mère, avant son voyage
T’as offert
Son amulette blanche..
Pour revenir…
28- Je te fais mes confidences
Je me suis détourné loin de la mémoire
Me dessaisissant
De nos moments douloureux
Et j’ai commencé à contempler le ciel
Et nous avons commencé à pleuvoir ensemble
Et ses étoiles ont commencé
A s’ouvrir tels des yeux
Et m’entretenir entre l’assoupissement et le réveil
Et j’ai commencé à marcher vers toi
Dans mon ivresse
En te faisant mes confidences
29- les cérémonies d’Adieu
Contraintes par la vie, j’excelle dans les cérémonies d’Adieu
Pour te faire croire que je me porte bien…
Elle m’a appris comment me prémunir de ta douleur
sous le masque de la dentelle
Et comment geler nos attouchements
Et les enterrer dans les gants de satin
Et comment t’aimer en secret derrière mes lunettes noires
Et je continue…
Fière je continue ma marche
dans la direction opposée…
30- Pleurs
Sur ma route vers toi
J’ai éparpillé tes feuilles
Et quand on s’est rencontrés
L’hiver a longtemps pleuré
31- Le café de la mer
Quand le destin m’aborde devant le café de la mer…
Je ne rentrerai pas dans le café…
Je choisirai de m’assoir dans un coin sur le trottoir d’en face…
Je ne lui laisserai pas l’occasion de parler…
Je tendrai ma main pour toucher la sienne
Et frapper ensemble à la porte du souvenir…
Nous supplierons l’amour ensemble…
Arrache ton voile mon destin
Et qu’on pose devant nous une coupelle en bronze
Les passants y jetteront une Lire pour nous…
Son tintement raisonnera au fond de la coupelle…
32- La feuille verte
Je suis allée au jardin
J’ai cueilli une feuille verte
Et j’ai commencé à regarder à travers ses trous
Suis-je une fourmi ayant travaillé sa vie durant
Oubliant sa petite taille ?
J’ai vu la mort de fatigue
des petits bossus
et des vieillards qui tètent…
j’ai vu s’envoler des pierres au lieu des ballons
et j’ai entendu la voix du petit Antoni ou Antonio ?
pourquoi tu me lapides ma mère
je ne mourrai pas deux fois…
33- La petite tente
La vie trébuche
Et les larmes coulent
Là-bas sur la petite tente
Les vents jouent leur dernière symphonie
L’hiver dans mon pays
Est peureux
Il craint de se noyer seul
Il se protège dans les entrailles des enfants
Là-bas dans la petite tente…
Coulent les larmes
Longtemps, longtemps
Pour que la vie s’endorme
34- Quelque chose
Quand tu as touché ma main
Dans mon coeur bat
Quelque chose
Qui ressemble
A un flocon de neige
A l’éclat de l’eau
Quelque chose de chaud
J’ai tellement peu pour lui
Tellement peur de lui
35- Ta petite main
Je me souviens de la dernière fois
Quand j’ai contemplé ta petite main…
J’y vu un pont d’ivoire
Reliant la terre au ciel…
Et j’ai vu des yeux d’où coulent des rivières
Qui arrosaient ta main…
Et j’ai vu des petites mains vertes
Y pousser
Et se ramifier sur les branches…
Souviens-tu de la dernière fois
Où j’ai posé mon oreille
Sur ta petite main ?
Le fleuve La Tamise chantait
Sa dernière chanson…
Les embarcations étaient ce jour-là
Calmes
Calmes
Ainsi mon petit
Sont les débuts…
36- Quand pleure Mariam
Quand pleure Mariam
Le jardin redevint sa propre propriété
Je pleure…
La terre arrose ta terre (que voulez-vous dire par ce ver ?)
Et les papillons blancs s’envolent
De ton haut front
Je pleure
Et de tes bras poussent
Les ailes des oiseaux
Quand pleure Mariam
Ton visage respirera (que voulez-vous exprimer par ce verbe ?)
Dans l’autre continent
Et pleurera…
Laisse-le pleurer
De ses yeux éclatera
La vie
37- Je ne dors pas
(J’)Ouvre ta main (est-ce que c’est un ordre : ouvre ou une action : j’ouvre ?)
Pour que je sente le parfum du jasmin
Je peux dormir…
Le temps est passé avec ses sept spectres
Et la lumière blanche est encore errante
Ouvre ta main
Je peux dormir…
Tes yeux continuent
A suer de l’huile
Dans ma nuit
Ouvre ta main
Tu y trouveras mes larmes accrochées
Essuie-les
Je peux dormir
38- Antoni..Ne pleure pas
Antoni..Mon fils
Est-ce que tu pleures ?
J’entends
Le triste luth
Chanter
Près du ciel
Antoni..
Ne pleure pas…
L’ange de l’Éternel
M’a informé
Que je te porterai
Tous les jours
J’accoucherais de toi
Sous la tente
Au marché
Sur l’herbe
Sur la route
Et chaque fois
S’élèvera la voix
du grand tambour BALAK (s’agit-il du personnage mythique ?)
les dieux apparaîtront..
mais la terre
ne connaîtra pas de répit
et le luth continuera
noyé dans sa tristesse
à jouer
tout près du ciel
où vais-je verser mes lamentations…
Nul prophète
Pour m’éclairer ?
39- Que font les enfants dans le ciel ?
Est-ce qu’il leur lit
Le propriétaire du café Chabandar
Des histoires
Qu’il rapporte de la rue Al-Mutanabbi ?
Dormiront-ils
Chaque fois que le Shâm éteint sa lumière ?
Jouent-ils avec des pierres
Et construisent les camps ?
Dis-moi au nom de ton Dieu,
Que font les enfants
Dans le ciel ?
40- Bénie soit toute stérile sur terre (c’est bien au féminin ?)
Mon poème est une fille damascène
Qui pleut en silence
Été comme hiver
Et les racines de la terre restent insatiables
Mon poème est une orpheline bagdadienne
Son âge six doctrines
Violée six fois
Au marché
Mon poème
Quel intérêt pour la langue
Si tu es torturé ?
Béni soit tous ceux qui portent une plume
Bénie soit toute stérile sur terre
41- Sur les pierres j’étais assise
Sur les pierres j’étais assise
Mon âge ne dépassait pas trois jasmins
J’ai cueilli la blanche
Et je l’ai tâtée dans ma main
Elle a chuchoté dans mon oreille :
Ne me noie pas dans les larmes du Shâm
Je ne l’ai pas écouté
Et je suis parti en répétant
En arrachant son premier pétale
Je mourrai dans un cargo
Je pleure un peu…
Et j’invective un peu la terre
Et j’ai arraché la seconde ;
Non je vais mourir dans un tonneau
Sur les pierres j’étais assise
Mon âge ne dépassait pas trois jasmins
J’ai cueilli la jaune
Et je l’ai emmenée dans ma main
J’y vu le visage de ma petite sœur
De sa bouche se répand le parfum de l’essence du jasmin…
Sur les pierres j’étais assise
Une violette y a poussée (s’agit-il de cette fleur ou pas ?)
Je l’ai interrogée…
Interrogée sur mon père
Et mon âge
Mon âge ne dépasse pas trois jasmins…
42- L’amour est tombé
Quand la douleur est intense, on s’en accommode…
Comme l’aveugle invaincu par à la cruauté de la nuit quelque soit sa durée
J’ai vu dans tes yeux la porte d’Ishtar s’écrouler sur la ville…
Et Babel pleurait douloureusement sur tes joues…
J’ai vu le Shâm retirer le jasmin de ses cheveux pour les couper court
Et les jeter avec affliction sur les tâches rouges…
J’ai dit bien des choses dont je ne me souviens plus…
Et qui se souvient du nombre de feuilles chutant quand le vent souffle…
Comment peuvent-ils dire que « l’amour ne tombe jamais »…
J’ai assiégé ta sévérité dans le cheval en bois de Troie..
Mais elle s’est échappée la nuit
Il a fait tomber tout ce qu’il y avait de merveilleux entre nous…
l’amour est tombé..
Sommaire
1-Pourquoi je t’aime ? 3
2- Je continue seule 4
3- A distance d’une civilisation 5
4- Entre deux roses 6
5- la saison des pommes 7
6- Amour 8
7- Manque 9
8- la levure de l’absence 10
9- Je t’aime davantage en temps de guerre 11
10- révolte d’un amour 12
11- Attente 13
12- la mariée 14
13- demain 15
14- la prière d’une femme syrienne 16
15- dans le camp de concentration 17
16- la fête des mères 18
17- Souvenir 19
18- Le coucher de Schéhérazade 20
19- la nuit des souvenirs d’hiver 21
20- les petits souliers 22
21- le pont 23
22- Mémoire 24
23- comment vais-je supporter l’arrivée de la fête ? 25
24- le temple 26
25- le visiteur 27
26- Nymphe 28
27- Adieu 29
28- Je te fais mes confidences 30
29- les cérémonies d’Adieu 31
30- Pleurs 32
31- Le café de la mer 33
32- La feuille verte 34
33- La petite tente 35
34- Quelque chose 36
35- Ta petite main 37
36- Quand pleure Mariam 38
37- Je ne dors pas 39
38- Antoni..Ne pleure pas 40
39- Que font les enfants dans le ciel ? 41
40- Bénie soit toute stérile sur terre 42
41- Sur les pierres j’étais assise 43
42- L’amour est tombé 44